dimanche 27 décembre 2009

The Rock


Bon, c'est quand même très dur, maintenant que je vois la barre clignoter sur ma page blanche, d'écrire de manière posée et quasi objective sur un film qui depuis 13 ans déjà me fout en l'air sur tout un tas de points, alors avant de commencer à parler du film,

NIQUE SA MERE L'OBJECTIVITE.

Gamin déjà, c'était un film que je matais et rematais religieusement, souvent accompagné de mon frère et de mon daron.

Religieusement ouais, religion d'un converti à la grosse musique bourrine d'Hans Zimmer, à ces plans épileptiques surexposés, à ces héros d'horizons différents qui mettent tout sur la ligne pour défendre leurs valeurs, à cette violence physique comme verbale, à ces explosions, à cette course poursuite, à Vanessa Marcil et son grain de beauté, à Claire Forlani et sa bouche de suceuse qui émoustillait tout entier ce corps de gosse de 13 ans...

Putain, chaque fois que je matais ce film, c'était tous mes Noëls et tous mes anniversaires combinés dans tout mon putain de corps, cerveau, coeur et 5 sens compris.

Et le truc fou, c'est que ça faisait pareil à toute la maisonnée putain, comme si le film parlait à tout le monde, sensation chelou, comme mater un Indiana Jones en fait (j'y reviendrai plus tard).

Bref, hissé au rang de culte en un temps record, pour moi tout du moins.

Je l'ai rematé très fréquemment en grandissant, jusqu'à il y a quelques années, où je me faisais tout de même le défenseur de ce film.

Puis récemment, je me suis rendu compte que mon argumentaire s'entortillait parfois, comme si j'avais oublié le film ou que lui m'avait oublié.

I needed my fix.

Après avoir recommencé à parler du film plus souvent que d'habitude et avoir tourné du pot, je l'ai choppé en DVD, sans hésiter, of course, ma VHS était morte anyway...

Rematé avec mon frère dès le retour à la maison.

Tout était là, cette religion, cet opium du peuple, ce film Dieu oublié, omniprésent, presque lovecraftien dans sa portée était éveillé, puissant.

Cette facilité à entrer dedans, à offrir mon sourire, mon rire, mon dégoût, mes larmes, la puissance du truc.

Je me suis rendu compte qu'encore maintenant, ce film défend tellement de choses qui me tiennent encore à coeur, des valeurs, des morceaux de trucs, de l'héroisme de types qui ne devraient même pas être là (oui, j'aime Die Hard aussi) à la figure du père perdu qui veut retrouver sa fille, du mec qui se livre corps et âme, traverse l'enfer pour récupérer une once d'honneur, pas pour lui, mais ses camarades morts au mec qui regrette de voler la moto d'un petit jeune.

On pourrait dire que le film s'éparpille, mais "on" se met le doigt dans l'oeil jusqu'au fion, parce que justement, c'est là sa force, je l'avais compris mais l'ai réappris, il passe par le plus court chemin, par la symbolique la plus grossière pour parler à un maximum de gens, parce que oui, que le film soit con ou pas, l'important, c'est qu'il ne prend pas son public pour tel, il ne se place jamais au dessus de lui, et tel un conte épique homérique, beowulfesque, il donne les bases pour une putain de grande aventure, et une exploration du genre, de ses limites et de sa place dans son contexte, le cinéma.

Car ouais, ne pas oublier que ces vestiges de civilisations mutées ou transformées étaient destinés aux lettrés et au illettrés, même aux femmes (oui, c'est une blague), que plus tard, des types comme Molière ou autres racontent des histoires intelligibles par tous, dans le but de faire réfléchir parfois, mais surtout, de divertir, de communiquer.

Et The Rock, n'hésite pas à puiser dans la mythologie propre à son médium pour faire une parabole qui parle à beaucoup, sans pour autant être pédant.

Il y a évidemment Alcatraz, la référence la plus visible du film, cette ville prison qui fascine, dégoute, mise en scène maintes et maintes fois, que ce soit durant son activité, dans L'évadé d'Alcatraz par exemple, ou dans son inactivité/réouverture temporaire dans Point Blank de John Boorman.

James Bond, qui est ici représenté pas un Sean Connery filmé dès le départ comme une légende perdue, avalée par des tentacules qui le dépassent, nous dépassent, comme Marlon Brando dans Apocalypse Now en fait... Un mec rendu ouf par le pouvoir, pas celui qu'il peut exercer, mais celui qu'on a essayé de lui imposer, de lui marteler, et qui d'autre dans le cinéma américain peut le faire mieux que:

Le FBI, la CIA, tout ce bordel. Ce mythe là à été développé depuis des années dans le cinéma américain, rendant ces organes du pouvoir tout puissant. On n'a même pas besoin d'en parler, de les décrire, ils vont souvent de pair avec "Top Secret" ou devrais je dire "Secret défense, et tu n'es pas dans le secret". Ce qui nous mène à un autre mythe, véhiculé par des images, puissantes, et dont le secret échappe à tous, sauf peut être aux sus-mentionnés:

JFK, le mystère, l'interdit, les jeux de pouvoirs, derrière cette enquête, cette vérité qui existe quelque part et que si peu de gens connaissent et défendent au prix de la vie de gens, de vrais gens qui vivent et qui respirent, c'est bien le film de Stone ça, film influent tant sur sa forme (après on peu ne pas aimer, moi j'adore), que sur son fond, sa manière de nous dire d'aller chercher les choses où elles sont, ce mythe remystifié par un film épique et exemplaire, ouais, on peut dire que c'est une inspiration.

Cette vérité donnée à un chimiste par son copain du MI-6, comme si c'était un jeu.

Car ouais, malgré la passion pour cette mythologie, Bay n'oublie pas que son film est un jeu, un objet ludique si-tant-est-qu'on s'y prenne. C'est pour cela que ses personnages sont construits souvent autour de leur rapports, entre eux, entre leurs proches, leur vision.

Connery et Cage sont rendus crédibles par une ironie, une situation, une femme, une fille et peuvent ainsi évoluer dans un univers construit sur de solides bases, qui peut donc parfois bifurquer vers de l'absurde, du vulgaire, du grossier sans endommager le sens, la force, mais au contraire, en y ajoutant de l'âme, tout comme Spielberg a pu le faire en foutant un gun dans la main d'Indiana Jones, dans Les Aventuriers de l'Arche Perdue, grossier, mais efficace, et surtout, définissant en 2 secondes un personnage.

Bon ensuite, y a toujours Zimmer, les explosions, les flingues, les militaires, les voitures, les bonnasses, les belles images.

Un bon gros 6/6 des familles pour un mec qui a pigé que le cinéma, c'est fait par le peuple, pour le peuple, et ça, je kiffe.

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